Une piste pour la régénération des neurones détruits

Related

Share

Environ 30 % des personnes atteintes de l’épilepsie voient leur situation stable ou empirée malgré les traitements pharmacologiques. Il est donc important de trouver de nouvelles solutions. Un groupe de chercheurs semble trouver une piste plus prometteuse et plus efficace. On en parle dans cet article.

La reprogrammation cellulaire directe

Le cerveau est très complexe et présente des caractéristiques hallucinantes. Il fait toujours l’objet de plusieurs recherches en dépit de la crise sanitaire. Malgré ces nombreuses fonctions, le cerveau ne peut pas régénérer des neurones dysfonctionnels ou endommagés. C’est-à-dire qu’il ne possède pas de capacité régénératives.

Une branche de la médecine s’intéresse principalement à ce problème. Il s’agit de la médecine régénérative qui essaie de corriger cette insuffisance. Le but de cette discipline est de favoriser la mise en place de nouveaux neurones par le cerveau. Une telle prouesse devrait permettre de lutter contre les maux liés aux destructions de certains neurones.

Pour l’instant, deux pistes sont explorées pour régler le problème : la reprogrammation en cellules souches pluripotentes induites et la reprogrammation cellulaire directe. La deuxième solution (reprogrammation cellulaire directe) consiste à attribuer de nouvelles fonctions aux cellules déjà existantes. Les cellules non neuronales du cerveau sont reprogrammées pour jouer le rôle des neurones.

La réussite d’une reprogrammation cellulaire directe nécessite la prise en compte de plusieurs paramètres. En effet, le succès de l’opération réside dans le fait que les cellules reprogrammées doivent pouvoir s’intégrer aux neurones déjà existants. Aussi, elles sont tenues d’assurer les fonctions des neurones qu’ils remplacent.

Des résultats prometteurs

Une association de chercheur étudie minutieusement la reprogrammation cellulaire directe. L’équipe est composée des chercheurs de l’Université Claude Bernard Lyon 1, de l’Inserm, et du CNRS. L’étude se fait en coopération avec le King’s College de Londres à l’Institut Cellule Souche et Cerveau.

Pour leurs expériences, l’équipe a utilisé un modèle animal d’épilepsie (épilepsie mésio-temporale). C’est la forme d’épilepsie fréquemment recensée chez les humaines, et la plus pharmacorésistante. Chez la souris, des cellules gliales ont été reprogrammées pour jouer le rôle des neurones. La reprogrammation cellulaire fut un succès et les activités épileptiques chroniques ont baissé de 50 %.

Créer des neurones grâce à la reprogrammation des cellules gliales surnuméraires

Le cerveau des personnes atteintes de l’épilepsie subit une sorte de mort neuronale. Chez les personnes souffrant de l’épilepsie mésio-temporale, on remarque une activité inhabituelle près de la zone touchée. En effet, les cellules gliales présentes dans le milieu de la morte neuronale se multiplient un peu plus rapidement. Toutefois, cette réaction ne permet nullement de régler le problème.

Pour leur étude, les chercheurs ont voulu exploiter cette réaction des cellules gliales en surnombre. La première étape de la recherche consistait à repérer la séquence génétique pouvant permettre d’obtenir des neurones inhibiteurs, en transformant les cellules gliales.

Après de multiples études, l’équipe a finalement trouvé le gène idéal. Celui détecté est généralement responsable de la mise en place des neurones inhibiteurs. Les chercheurs ont ensuite forcé l’expression de ces gènes dans les cellules gliales. Ceci a permis de transformer ces cellules en des « neurones induits ». Les caractéristiques de ces nouveaux neurones sont similaires à ceux dont la disparition cause l’épilepsie.

Pour la reprogrammation directe des gliales, les gènes obtenus ont été introduits dans la partie du cerveau atteinte par la mort neuronale. Les chercheurs ont fait recours à la « chirurgie stéréotaxique » pour cette opération. C’est une technique couramment utilisée dans le domaine de la neurochirurgie afin d’atteindre prudemment et avec précision quelques zones du cerveau. Les résultats de cette introduction de gènes furent très concluants. La majorité des cellules gliales qui ont reçu et exprimés le nouveau gène sont devenues des neurones.

Intégrer dans le cerveau des neurones qui fonctionnent

Comme soulignés précédemment, les cellules gliales se sont transformées en neurones après l’expression du gène détecté. Les caractéristiques moléculaires de ces nouvelles cellules ressemblent aux anciens neurones inhibiteurs détruits. Des enregistrements électrophysiologiques ont permis de faire des analyses plus avancées. Celles-ci ont prouvé l’efficacité des neurones issus de la transformation des cellules gliales.

Ces neurones inhibent parfaitement leurs voisins, ils diminuent l’intensité de leur activité et ainsi les crises. Pour plus de sureté, les scientifiques ont procédé à des études des connexions établies entre les neurones. Les analyses ont montré que les nouveaux neurones s’intègrent parfaitement dans la partie épileptique. En outre, ils s’associent assez bien aux autres parties du cerveau.

L’équipe a aussi noté une réduction de l’ordre de 50 % des crises chez les souris atteintes. Des EEG (enregistrement électroencéphalographique) ont permis d’avoir cette précision. Bien qu’on soit à l’étape expérimentale, ces résultats ouvrent la porte à de longs autres travaux. Les prochaines études sont prometteuses.

D’après le concepteur de l’étude, Christophe Heinrich, « ces résultats révèlent ainsi le potentiel thérapeutique de cette stratégie de reprogrammation cellulaire pour combattre une pathologie comme l’épilepsie mésio-temporale. »

 

spot_img